Alors ensuite, ils nous envoient ce prélèvement par transport ambulancier dans les normes de transport de prélèvement biologique, et une fois que le prélèvement arrive chez nous, on le réceptionne et puis l’équipe se met à l’analyser.
Quelle est la méthode que vos utilisez pour analyser le prélèvement ?
Cette méthode s’appelle la PCM. En général, et de manière très schématique, c’est une méthode qui cherche à identifier, à vérifier si dans ledit prélèvement, il y a du matériel génétique du virus. Donc on essaie d’identifier si un morceau de ce matériel génétique circule dans le prélèvement. Et on sait que les êtres vivants, que ce soit les virus, les bactéries, les être humains ou autres, l’identité principale est l’élément principal qui permet d’identifier les caractéristiques, c’est le matériel génétique.
Donc dès que cette méthode détecte le matériel génétique du virus Corona, ça veut dire de manière presque sûre que c’est une infection qui est confirmée. C’est une méthode de référence, l’une des meilleures méthodes que la virologie et que le domaine de la médecine microbienne a pu développer.
Et cette méthode est disponible au sein de l’Institut pasteur. Nous avons l’équipement aussi bien technique que réactive que l’équipe pour pouvoir la faire. Et nous avons aussi la compétence humaine et l’expertise humaine pour pouvoir interpréter les résultats.
Ces qualités et ces capacités qui existent au niveau de l’institut pasteur au même titre que le laboratoire de l’Institut national de l’hygiène à Rabat permettent de produire des résultats qui sont sûrs.
Je voudrais préciser que quand, par exemple, le résultat s’avère positif, pour être sûr à 100%, on refait l’analyse avec un autre technicien et un autre expert indépendant du premier. C’est ce qu’on appelle une validation interanalyseur pour encore une fois s’assurer, et ne pas se tromper parce que c’est très sérieux.
Annoncer un résultat positif alors qu’il est négatif, ce n’est pas une bonne chose. Donc pour éviter les risques d’erreurs, quand le résultat est positif on le répète une deuxième fois.
Si le résultat s’avère effectivement positif et confirmé, à ce moment-là on annonce les résultats le plus tôt possible. Généralement l’analyse dure entre 4 à 5 heures en moyenne.
Dans un premier temps, on communique les résultats par voies téléphoniques, le plus rapidement possible, par la suite on envoie le bulletin d’analyse. Donc une fois que l’équipe qui a envoyé le prélèvement depuis l’hôpital reçoit les résultats d’analyse, si c’est négatif, l’équipe rassure le patient et lui prescrit un traitement pour les symptômes qu’il a.
Si c’est le résultat est positif, à ce moment-là, on déclenche toutes les mesures de prise en charge notamment la détection des contacts ainsi que tout le protocole qui existe dans notre pays dans le cadre du plan national de veille et de riposte contre le Coronavirus.
Pour le patient positif, il est pris en charge et mis dans une chambre chaude d’isolement. Ca dépend des problèmes de santé qu’il a et qu’on commence à traiter. On s’occupe de lui jusqu’à guérison. Et pour s’assurer qu’il a guéri, on fait deux analyses, en général à la fin, quand il n’y a plus de signe. On fait la première analyse pour s’assurer qu’il est négatif et on répète une deuxième pour s’assurer. Une fois que le deuxième résultat d’analyse s’annonce négatif, on déclare que le patient est guéri.
L’équipe de l’Institut Pasteur est composée de combien de personnes ?
Nous avons créé des binômes de deux experts. Ce sont des analystes qui font des gardes 24h sur 24h. A chaque fois un binôme. Il faut absolument qu’il y ait deux personnes qui travaillent sur l’analyse comme ça ils se supervisent l’un et l’autre et vérifie.
Et en cas de résultat positif, le deuxième expert doit répéter l’analyse. On travaille par binôme. On a en général 4 binômes de deux personnes, ça fait au moins 8 personnes qui sont dédiées pour cette mission et qui travaillent 24h/24.
Est-ce que pour la situation nationale actuelle, avec 2 cas confirmés, un décès et 66 cas suspects, l’institut Pasteur et l’Institut national de l’hygiène à Rabat, sont suffisants pour le moment pour répondre à la demande nationale en matière d’analyses?
Sincèrement, pour l’instant on a eu 66 cas suspects déclarés au niveau national. Et deux laboratoires ont pu vraiment satisfaire largement la demande. La situation au Maroc est pour le moment maîtrisée. Nous avons eu 3 cas, pas comme les pays qui ont une propagation du virus assez importante.
Pour l’instant, je pense qu’on doit avoir confiance en notre système de veille et de riposte contre les épidémies. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que nous vivons ce genre de crise. En 2015, il y avait le Mers-Cov qui était encore plus grave que le Covid-19, parce qu’il tuait à hauteur de 30%
Il y a eu aussi de l’épidémie d’Ebola, qui a duré au moins deux ans, 2015 et 2016. Et aussi la crise du H1N1. Et durant toutes ces crises, notre système de veille et de riposte contre les épidémies, a démontré sa performance et sa capacité. Donc il n’y a pas de raison de ne pas y croire aujourd’hui.
Il faut avoir confiance en la capacité de notre système. Tous les moyens sont mis en oeuvre, tout ce qui devait être fait l’a été et les choses actuellement sont sous contrôle.